L'agglomération antique d'Argentomagus se situe dans l'ancien territoire des Bituriges Cubes, au sud-ouest du chef-lieu Avaricum (Bourges), en Gaule Aquitaine. Elle fut, après Bourges, la seconde ville de ce vaste territoire.
Les activités agricoles, pastorales et artisanales du monde rural qui l'entourait, l'exploitation des forêts, des carrières de pierre, d'argile, et du minerai de fer ont assuré sa prospérité. L'importante activité métallurgique d'Argentomagus fit d'elle au début du IVe siècle une fabrica armorum omnium (manufacture d'armes de toutes natures), l'une des neuf fabriques officielles recensées en Gaule.
La densité du réseau routier qui convergeait à Argentomagus fut un vecteur économique déterminant pour acheminer, diffuser et redistribuer, tant la production locale que les produits importés. L'urbanisation du site, à partir d'un substrat indigène, témoigne de l'évolution rapide d'Argentomagus dès le Ier siècle de notre ère : l'agglomération s'étend au nord de l'oppidum gaulois, se structure autour de rues et d'îlots (insulae) plus ou moins carroyées, se dote d'un centre monumental (forum, basilique), se pare d'édifices publics (temples, fontaine, théâtre, amphithéâtre) pour atteindre son apogée au IIe siècle. Le site est occupé jusqu'à la fin du IVe siècle avant d'être abandonné. Sa population se dissémine alentour, notamment en contrebas dans le quartier Saint-Etienne en rive de Creuse.
La Communauté de communes du Pays d'Argenton-sur-Creuse a engagé, dans le cadre d'un partenariat avec l'État et la Région Centre, un ambitieux chantier de mise en valeur des vestiges du plateau des Mersans.
Les aménagements projetés se fondent sur la recherche archéologique menée sur site, avec sa part de certitudes, d'inconnues et de découvertes à venir. Les niveaux retenus sont ceux du IIe siècle de notre ère. Le principe général est d'oeuvrer de préférence en recharge pour limiter les interventions archéologiques préventives et protéger les vestiges en place.
Le cheminement de visite s'articule autour des insulae (îlots) antiques dont le réseau de rues est restitué par un platelage en traverses de bois. Lorsque la chaussée gallo-romaine se poursuit au delà du platelage, les dernières traverses sont espacées comme des points de suspension. Les portions de cheminement modernes créées ex-nihilo sont traitées en béton balayé teinté, à l'instar des stations recevant la signalétique. La largeur du cheminement (2 m) ne correspond pas exactement aux largeurs variables des rues antiques.
Chaque insula fait l'objet d'un programme de valorisation qui lui est spécifique selon la nature et l'état de conservation des vestiges. Les restitutions volumétriques proposées utilisent des matériaux contemporains (béton) ou des matériaux traditionnels (pierre de Brétigny) qui se distinguent des éléments originaux (pierre d'Ambrault, lit d'ardoise séparant une assise de moellons antiques d'une assise moderne). Les niveaux de circulation antique sont restitués en calcaire compacté, les espaces intérieurs et extérieurs étant matérialisés par une couleur différente. Les rues ont été nommées sans fondement historique en fonction des vestiges qu'elles bordent ou qu'elles desservent.
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Juin